Peintre de la solitude, de l’aliénation et de la mélancolie, Edgar Hopper est l’américain qui a inspiré Isabelle Martinez pour sa dernière création : « Les inédits ». La pièce est un feuilleté doux-amer, superposant des monologues tour à tour piquants, poétiques ou désenchantés. J’avais adoré « Petites conspirations », sur le même ton. Dans cet opus, Martinez sort de sa zone de confort, en intégrant à la scéno la création vidéo de Yann Péron, pour une cuisson plutôt savoureuse. Quelques regrets cependant tempèrent mon emballement.
LES HUIT SALOPARDS
Voilà plus d’un an que les louanges pleuvent sur l’adaptation du « Cas Woyzeck », pièce inachevée de Georg Büchner, mise en scène par Marjorie Currenti. Pourtant, l’intrigue, qui remonte le fil narratif d’un crime passionnel, est tristement banale. Quant à la proposition théâtrale annonçant huit hommes et une marionnette au plateau, elle ne semblait tenir qu’à un fil, que mon scepticisme avait hâte de couper. Au lieu de cela, je fus soufflée.
CHAMP FLEURI, NOTRE CHAPITEAU CHÉRI
On a de plus en plus de mal à se garer sur les parkings des Teat. Dans la grande salle de Champ Fleuri, on retrouve la joie du coude-à-coude lors des standing ovations qui sont désormais légion. Pas de doute, c’est bientôt la fin de saison aux Teat départementaux. « Machine de cirque », super prestation québécoise aussi poétique qu’ubuesque n’a pas manqué de nous rafraîchir. Un must avant la saison sèche.
UN TRAMWAY NOMMÉ DÉTRUIRE
Givran n’aime pas les femmes faciles. Après Liddell, le voilà de retour avec « L’amour de Phèdre » de la dramaturge britannique Sarah Kane. Le résultat, c’est une standing ovation le 31 mars dernier au CDNOI, à croire que le théâtre « In yer face », littéralement « Dans ta gueule », n’a rien perdu de son pouvoir. Et pour cause : le mouvement lancé par Kane dans les années 90 dénonce les violences du monde contemporain. Un thème que Givran sublime dans une mise en scène hypnotique. Oui, cette critique sera dithyrambique.
ÇA BALANCE PAS MAL AU CDNOI
Jeudi 16 février au CDNOI, Bongou a passé une formidable soirée. Pourtant, le spectacle a causé chimio, crise cardiaque et angoisses existentielles. « La fin du début », le seul en scène explosif de Solal Bouloudnine est un marathon à travers les années 90, conçu comme un spectacle de variétés. Le fil rouge ? La mort de Michel Berger. Bousculant la chronologie, le comédien nous embarque dans une course hallucinée entre sketches caustiques et poésie de l’absurde. À s’en décrocher le palpitant, évidemment.
FEEL GOOD OVNI
En ce moment, on a besoin de rire. Ça tombe bien parce que Bongou t’a dégoté la super création de l’année, un feel good ovni théatro-musical tout droit sorti du cerveau sarcastique de Sergio Grondin sous le regard artistique de Daniel Léocadie. Ça cause de reconstruire le monde après le tu sais quoi sans plus jamais sortir de la Réunion, c’est intelligent, hilarant, et Bongou te donne 5 excellentes raisons de t’y ruer en famille.