SAKIFO, KOMAN I FU ?

Bongou revient avec délectation sur ce Sakifo cru 2021 et revendique sa fierté d’avoir une nouvelle fois survécu à son pèlerinage festif dans une ambiance électrique, surtout en coulisses et un peu moins sur les scènes. Après les 10 bonnes raisons d’aller au Sakifo de la semaine dernière, place aux “10 partiales opinions post Sakifo”.

1. Ma team du soir m’ayant embarqué pour un énième concert de Grèn Sémé, j’ai loupé le groupe de métal malgache Loharano. Je mesure la difficulté de proposer une éclectique programmation dans ces conditions mais ce sera la première édition où le rock n’aura même pas droit à un petit clin d’œil sur notre média. Même constat pour l’absence de groupes de reggae, pourtant fédérateurs et toujours synonymes de bonne humeur.

2. La tension était palpable aux abords du site et même à l’intérieur quand on connaît l’embrasement médiatique sur la pertinence de la tenue de cette édition. Vraiment étonnant cet emballement car, le week-end dernier, j’étais au festival Réunion Métis sur le front de mer de Saint Paul, organisé par la Région Réunion et je n’ai entendu aucune voix s’élever contre l’organisation de cet événement de trois jours, accessible avec un pass sanitaire et réunissant un nombre sensiblement similaire de festivaliers. Merci aux équipes lessivées d’avoir tenu bon dans ce tourbillon : le jeu en valait la chandelle !

© Manzi

3. Ambiance Monaco-Angers au Stade Louis II devant la scène de Salahin avec ce démesuré gradin, affreusement vide car horriblement loin du son et uniquement accessible aux VIP. Par-contre, j’ai l’impression que cet échafaudage rentre pile poil dans la Ravine Saint Leu…

4. Longue vie aux rhums arrangés à 2 boules de la Salle Verte et merci au Dieu de la déraison de m’avoir donné ce foie

© Manzi

5. Ah oui, le seul intérêt du VIP cette année : les chiottes en préfabriqué, joliment boisés qui donnent l’impression d’avoir loué un bungalow de charme dans les Hauts, le calme en moins.

© Manzi

6. Bravo aux captations vidéo sur la grande scène qui sont devenues aussi léchées que celles du Montreux Festival, du moins c’est le souvenir que j’en ai.

7. 17 000 festivaliers sur trois jours, c’est pas assez pour rentabiliser cette édition mais, à titre personnel, c’est le pied pour se déplacer. Pas besoin de jouer des coudes pour accéder aux premiers rangs et, pour les agoraphobes qui me lisent, la sensation de goulet d’étouffement ne se ressent que très rarement.

© Manzi

8. Meilleure scène du site : Ti Bird On Ze Beach, même si la deuxième partie de cette appellation nous rappelle un mauvais trip lounge dans des paillotes azuréennes des années 2000. C’est le spot idéal pour débuter la soirée et cette ouverture sur l’océan (gagnée sur l’espace du VIP d’antan) contribue à aérer les déplacements.

9. C’est sur cette scène que j’ai assisté à mes trois concerts préférés. Je vais vous épargner mes éloges dégoulinants sur ses coups de cœur mais ce qui est certain c’est que Sofiane Saidi, Bonbon Vodou et ma révélation de cette édition, le kenyan Kabeaushé, ont fortement contribué à ce que je reste sur une bonne impression de cette édition.

10. Parce qu’elle le mérite et pour faire chier Jacques Tillier qui ne lui trouve aucun talent, je peux affirmer qu’au rayon local, Maya “Sovaz” Kamaty a tué le game. Elle a su se réinventer musicalement et esthétiquement. De M.I.A. à Maya, il y a cette même ambition d’élargir les acceptations, d’assumer nos singularités en mettant en lumière les minorités. Son engagement de tous les instants fait que ses paroles ne sont pas du vent et la meilleure preuve est que le (jeune) public répond aussi présent.

Manzi