CHÉRIE, ÇA VA TRANCHER

Ce n’est pas tous les quatre matins qu’une auteure vivant sur l’île depuis 20 ans, voit son œuvre publiée dans une maison d’édition hexagonale, Viviane Hamy Éditions. C’est encore plus inouï quand cette femme de lettres est une amie (coucou Zerbi) et on tape carrément dans l’extraordinaire quand tu dois admettre que tu as dévoré son thriller.  Priya, la fille du boucher de Marie Capron est un accrolivre qui devrait ravir tous les inconditionnels du genre.

Mon modeste retour de lecture fera preuve de munificence (j’ai même appris des nouveaux mots) avec un maximum d’objectivité malgré l’amitié qui peut nous lier. Cela faisait une éternité que je ne m’étais plus plongé dans un roman policier. Après ma phase Maxime Chattam, trilogie Millénium, auteurs scandinaves, Fred Vargas, j’ai fait une overdose de ces dénouements saturés de rebondissements et d’intrigues (trop) facilement démêlées par des assistants geeks archi doués. Pas de hackers ni de Darknet dans cette trépidante enquête qui m’a divertie et réconcilié avec ce genre littéraire. Marie écrit sans chichi ; c’est rythmé et concis, jamais ostentatoire et toujours au service de l’histoire. L’auteure incorpore intelligemment les recettes du polar (nous suivons le déroulement des recherches du point de vue de l’inspectrice Priya) et du thriller (la psychologie déviante du tueur en série est graduellement dévoilée). Les fausses pistes sont bien ficelées et j’avoue m’être fait piéger malgré mes intuitions partiellement vérifiées. Quant au retournement final, il clôt pertinemment ce terrifiant dédale.

Lassé des descriptions minutieuses du maître Stephen King, je me suis immédiatement immergé dans ces situations bien documentées, jamais rallongées et les failles des principaux personnages sont abordées avec sagacité, sans introspection de psychanalyste en carton. Les femmes sont à l’honneur avec des personnalités fortes, cabossées et les origines réunionnaises de la détective Priya ajoutent une plus-value aux lecteurs qui ont la chance de connaître ou de vivre sur cette île. Sans chercher l’identification, c’est un vrai plaisir de pouvoir partager certaines humeurs de l’enquêtrice, visualiser des couleurs, des odeurs. Là encore, ces infos servent un propos, sans verser dans une documentation du magazine Géo. L’action se déroule principalement dans l’Hexagone et ne vous attendez pas à une version créole de Charles Manson enchaînant les sacrifices au nom du rougail saucisse. Les zones d’ombre de notre criminologue ne font heureusement pas d’elle une supra-giga-psychologue HPI capable de se fondre dans la personnalité du meurtrier pour le devancer ; cette ficelle narrative ayant tendance à vite me lasser. 

Si vous aimez le gore, le tueur en série tape fort et la barbaque humaine est cuisinée à toutes les sauces. Même si nos mirettes ont déjà été sollicitées en termes de corps triturés au cutter ou à la machette, le mode opératoire du tueur en série particulièrement bien caractérisé est aussi clinique qu’horrifique. À l’écrit, le mal paraît toujours plus cru. Pour votre prochaine sortie au Leclerc, fuyez le rayon Salaisons de Bourbon et procurez-vous ce thriller.

Priya, la fille du boucher, Marie Capron, Viviane Hamy Éditions, sortie nationale le 2 mars

Photo : Céline Nieszawer

Copyright : Flammarion

DÉDICACES À LA RÉUNION

Le mercredi 9 mars à 18 h pour un lancement en avant-première au Kab’art de l‘espace Culturel Leclerc Le Portail.

Le samedi 12 mars de 15h à 18h à la Fnac de Sainte Marie.

Le samedi 19 mars de 8h30 à 12h à la librairie des Roches Noires.

Le samedi 19 mars de 15h à 17h30 à la librairie Gérard.

Le samedi 26 mars de 15h à 18 h à la librairie Autrement de Saint-Denis.

Le samedi 2 avril de 15h à 18h, à la Fnac du Port.

Le samedi 9 avril de 14h à 18 h, à la librairie Autrement de Saint Pierre.

Le samedi 16 avril de 15h à 20h à l’espace culturel du Leclerc portail.

Le samedi 25 avril au Leclerc de Sainte Marie.

Le samedi 30 avril au Leclerc de Saint Joseph.