LE PLUS BEAU CLICHÉ DE SOLEIL

Total Danse se poursuit loin de Champ Fleuri et l’affluence s’en ressent, surtout quand le spectacle Mieux vaut partir d’un cliché que d’y arriver joue en semaine à la Salle Georges Brassens des Avirons. C’est d’autant plus rageant que ce one-man show dansé est une pépite d’humour, d’inventivité, d’excentricité, de simplicité qui a séduit une soixantaine de happy few et Bongou en fut.

Alors, c’est quoi donc que cette histoire de seul-en-scène, de stand-up vidéo-chorégraphique, de solo de danse, de conférence décalée ? Je dirais un peu de tout ça mon bon monsieur. La proposition de Sylvain Riéjou est franchement couillue car un danseur osant jouer au bonimenteur, en causant à son double chorégraphe emmerdeur sans tomber dans un nombrilisme agaçant, ça n’était pas forcément évident. Le titre à rallonge de ce spectacle et cette auto-analyse dansée constitue un bon mélange entre Je parle toute seule de Blanche Gardin et le solo d’Éric Languet, chorégraphié par Robyn Orlin, In a world full of butterflies, it takes balls to be a caterpillar… some thoughts on falling…(Traduction : Dans un monde plein de papillons, il en faut des couilles pour être une chenille... quelques réflexions sur la chute...). Désolé je suis payé à la ligne par Zerbinette. Elle se fout tout autant que vous de ces références mais je me suis promis d’écrire ce papier pour la motiver à découvrir la performance hors-norme de ce danseur-tchatcheur, mardi prochain au Théâtre du Grand Marché.

© Photo : Alexis Komenda

Sur le plateau, une console son et lumière, un écran blanc de projection et le conférencier Sylvain Riéjou qui commence chaleureusement à nous expliquer comment créer une chanson de geste. C’est moins catchy qu’un Apple Event mais au final ce sera tellement plus novateur et vital.

Dans le spectacle vivant, le tout-vidéo peut vite être lassant sauf quand cet outil est exploité à bon escient. Ce qui est le cas avec cette présentation permettant au lui-danseur d’échanger avec son lui-chorégraphe et nous faire apparaître toutes ses personnalités intérieures en version numérique. Autant de caractères hétéroclites qu’il va devoir apprivoiser pour incarner une interprétation qui se mérite. Sous ses airs d’auto-analyse, ce spectacle nous livre une habile démonstration de la construction d’une chorégraphie avec toutes les étapes trépidantes et décourageantes du processus artistique de création.

© Photo : Alexis Komenda

La pièce devient franchement désopilante quand le danseur répète sa routine gestuelle en s’imposant trois émotions contraires : la peur sur la musique de Psychose, la joie sur la bande-son du film Rocky et la colère sur La Danse des Chevaliers de Prokofiev. C’est un joyeux bordel successif qui aboutira pourtant à une conclusion pédagogique très explicite : le dernier tableau reprendra la chanson de geste initiale avec la musique originale, sauf que les pantomimes ont été parfaitement intégrées par le public et que toutes ces émotions fusionnent pour donner un vrai sens aux précédentes gesticulations et provoquer de jouissifs frissons.

Manzi

Prochaines représentations:

Mardi 9 novembre (19h) au Théâtre du Grand Marché

Samedi 13 novembre (19h) au Centre Culturel Lucet Langenier