Bongou a profité de l’été dans l’Hexagone pour aller se réchauffer les neurones : Paléo Festival, Musiques en été, CosmoJazz, Chalon Dans La Rue, Les Eclectik’s, Les Aubes Musicales, Les Fondus du Macadam et le climax de cette orgie festivalière s’est déroulé à Anduze avec LOL&LALALA, deux soirées rêvées à l’initiative du couple Pierre-Emmanuel Barré & Giedré.
Tu es atteint du syndrome FOMO (Fear Of Missing Out) qui pousse de nombreuses personnes à rester connectées en permanence - sur les réseaux sociaux principalement - pour ne pas risquer de manquer une opportunité ou un évènement marquant ? Déso l’accroc, je vais devoir t’annoncer que t’as raté la double soirée de l’été. Surtout, les gens présents (artistes ou spectateurs) étaient là non par besoin mais par envie, pour partager pleinement cet évènement. Alors quelles sont les spécificités de cet îlot récréatif ?
Anduze, où tout est poterie
Anduze, où tous tes potes rient
Un festival à taille humaine où les artistes se mêlent à la foule sans que cet agrégat soit superficiel ou lourdingue pour les “stars”, harcelées par des fans intrusifs. Anduze c’est moins classieux que Saint-Jean-de-Luz et c’est tant mieux : on s’évite le Tout-Paris en espadrilles comme à Avignon. Quand le bénévole Pierre-Emmanuel Barré est derrière le bar, il ne fait pas de la figuration mais sert inlassablement des pressions. Idem pour GiedRé qui laisse les sentiers de randonnées aux aspirantes Antoinette, préférant quadriller le parc des Cordeliers avec son oreillette.
Un lieu ouvert (comprendre gratuit) puis fermé (tarifs archi raisonnables pour chaque soirée) à l’ombre d’un platane centenaire dans l’esprit d’une grosse guinguette savamment éclairée permet aux participants de se retrouver en toute simplicité et de socialiser.
On va pas se mentir : un festival c’est forcément pas très écolo mais les gars essaient d’avoir le moins d’impact en bossant avec des prestataires locaux (tee-shirts seconde main cousus sur place pour le staff, bouffe et picole du coin,…) Bref, ambiance rigolarde et coolos, sans plagiat de la ZAD de Problemos.
Ici, pas de cashless ni de monnaies alternatives à la con. On paie en espèces ou en CB. Ça veut pas dire qu’on ait résolu le problème d’attente hein mais ça fait du bien. Ah oui et merci pour ce festival sans espace VIP.
Évidemment faut quand même parler du concept Lol&Lalala qui pourrait vite être casse-gueule si c’était la radio Rire et Chansons responsable de la programmation. Pour le coup, pas une faute de goût concernant le plateau d’humoristes avec des valeurs sûres (Thomas VDB, Bun Hay Mean et Aymeric Lompret pour la dernière de son one-man show “Tant Pis”) et d’hilarantes découvertes avec Doully, Matthieu Nina et Tristan Lucas.
Côté musical, ça fiche toujours un peu les pétoches quand on veut juxtaposer humour et musique décalée. Soit on tombe dans l’empilement roboratif de chansonniers soit on balance du rock festif des années 90. Tu le visualises le combo Guillaume Meurice / Ska-P ? Franchement, le génial Wally (de retour à La Réunion en 2023) en début de soirée était une évidence mais qui pour lui succéder sans se répéter ou flirter avec la chanson française boursouflée? Alexis HK vraiment ? Et bien oui, même passionnément tant ce chanteur est aussi tchatcheur et excelle dans ses topos entre les morceaux. Ces conseils “bien-être” - subtils mélanges de poésie et d’ironie - étaient le pont parfait entre ces deux univers annoncés dans l’intitulé de ces festivités.
Avant la partie payante, la Compagnie du Réverbère représentait ce théâtre de rue débonnaire et cette volonté de rencontres pluridisciplinaires. L’état d’esprit des arts de la rue colle tellement à l’énergie de ce festival que j’ai hâte de voir les prochaines éditions avec d’autres artistes moins exposés que leurs confrères du stand-up et tout aussi délurés. Sans refaire un second Aurillac, y’a moyen de programmer 2-3 spectacles qui claquent.
Merci à l’ensemble des organisateurs pour cette bouffée d’humanité et d’hilarité. L’année prochaine, Bongou sera enchanté de retrouver tous ces trublions pour la troisième édition.