On ne va pas se mentir, la programmation n’est pas à la hauteur de ce que Sakifo avait pour habitude de nous proposer dans le monde d’Avant. Pour autant, Bongou a choisi son camp : celui des hédonistes curieux qui iront festoyer dans cet emblématique lieu. Voici notre argumentaire tout à fait subjectif pour tenter de réveiller ton Toi festif.
1. Bongou n’est pas du genre à se vautrer dans l’angélisme de certains nostalgiques qui vantent un « Sakifo retrouvé » avec sa programmation world moins huppée alors qu’elle est juste tronquée. Ce sont les mêmes qui défendent leur expérience du Sakifo époque Saint-Leu, vous savez ce festival qui était « mieux avant », surtout parce qu’il était moins bondé et qu’on pouvait piocher d’une scène à l’autre en faisant des grosses pauses en ville pour picoler. Attention l’ami, tu vieillis et ton approche des arts vivants ressemble à celle d’un disc-jockey du Zemmouristan. En revanche, on est d’accord, l’âme de Sakifo (ou du Sakifo, on peut dire les deux), c’est d’aller butiner de scène en scène sans savoir forcément ce que l’on va écouter. À ce titre, pour vendredi, je viens de découvrir Mariama (19h) et Sofiane Saidi (23h30) ; typiquement le genre d’artistes qui peuvent égayer ma première soirée.
2. Les chanceux présents hier soir (samedi 4 décembre) au Kabardock pour l’Orchestre National de Barbès ont pu mesurer le bonheur de se retrouver devant une scène avec des musiciens généreux et n’apsirent qu’à récidiver.
3. Tu ne pourras pas aller à Maurice à cause d’Omicron alors investis dans l’économie culturelle de La Réunion.
4. Aller au Sakifo c’est aussi soutenir une manifestation dont les acteurs méritent un happy end après deux saisons co-écrites par les scénaristes de Mulholland Drive et Problemos. Vous aussi, vous avez frémi vendredi avec la conférence exceptionnelle et le retournement (final) du retour du revirement du variant ?
5. Et si on avait gagné au change avec la venue de General Electriks dont les deux précédents passages avaient enflammé La Poudrière ? Au registre des live endiablés, n’oublions pas Deluxe et Sandra Nkaké qui ont déjà rassasié un grand nombre de festivaliers.
6. Si les artistes programmés ne t’enthousiasment point, dis-toi que tu vas retrouver plein de copains. Sakifo est avant-tout un festival et c’est justement cette notion de fête qui va te faire du bien à la tête.
7. Bye bye le mois de juin et ses alizés sibériens et bienvenue au Sakifo de décembre avec l’assurance de pas se peler les membres.
8. Au rayon prescription Bongou-Wokisme-France-Intélérama, on ira forcément tendre nos pavillons vers le blues rock de Delgrès, secouer notre coupe mullet sur la french pop de Kid Francescoli et entamer notre ébriété sur les DJ sets de La Fine Équipe et des irascibles Chinese Man
9. Qui c’est qui va envoyer plein de selfies en tee-shirt à ses potes dans le froid pour leur montrer que les Réunionnais sont les seuls français à pouvoir profiter d’un festival en plein air juste avant Noël? Conseil n°1: Quitte à chambrer, cible plutôt tes potes non vaccinés. Conseil n°2: Fais chauffer l’option “Bloquer”
10. « Putain 35 boules pour aller écouter des groupes locaux qu’on peut écouter toute l’année, ça fait cher payé ! ». Ben ouais ducon, sauf que justement t’es pas allé les voir et qu’il y a des groupes très bons, surtout quand on leur offre cette qualité de scène et de son. Comme tous les goûts sont dans la nature, Bongou ne veut pas te persuader que tu vas tout apprécier mais sache qu’au rayon Nou La Fé, on suit ces artistes depuis longtemps et on a toujours passé un bon moment: Dans nos colonnes, y a un certain Manzi qui avait écrit ça sur Tine Poppy (dimanche) et cette avalanche de compliments pour Bonbou Vaudou (samedi).
Allez, on arrête les auto-citations et le mieux c’est de venir à Ravine Blanche te faire ta propre opinion.