CHÉRI FAIS-MOI PEUR

PASSE L’HISTOIRE À LA PASSOIRE

Ce n’est ni l’histoire d’un couple ni une histoire d’amour. Mais celle de deux subjectivités qui se rencontrent, se confrontent, se séparent. Deux narrations internes superposées, portées par les voix des circassiens. Deux versions d’une désunion.L’écume de leurs jours a un goût amer, sous l’apparente simplicité de leurs échanges à la Boris Vian. 

 Elle est malade, fragile, fantasque. Il est mythomane, étouffant, et terriblement seul. Voici l’histoire de deux grands blessés dont le déséquilibre engendre une danse. A mi chemin entre la valse et le tango, la lutte et le fiasco. Une traversée intime qui jamais ne sonne faux.

SOIS UN HÉROS, DÉCRIS LA SCÉNO

Sous le tout nouveau dôme rêvé par le duo, moutarde et bordeaux, un mât chinois, point de rencontre de la narration et donc, de l’action. Pour séquencer l’histoire, un paysage sonore éclectique. La kalimba pour l’intimité, la trompette pour le burlesque et la guitare basse lorsque la transe s’invite dans la danse. Les instruments nous figent ou nous électrisent, et qu’on se le dise, imposent un rythme qui défrise. Même tempo pour la créa lumière qui épouse sous le chapiteau toutes les couleurs de l’imbroglio. Et c’est très beau.

ET CES CIRCASSIENS, ILS ÉTAIENT BIEN ?

D’abord, ces circassiens ont réussi à s’improviser comédiens. Côté jeu, candeur, fraicheur, et justesse de ton. Côté performances physiques et artistiques, pléthore de prouesses techniques réalisées, en dépit du danger sans se la raconter. J’ai adoré cette simplicité. Dans le public, les mâchoires se sont décrochées et les genoux ont tremblé. Les artistes perchés se laissent choir, à plus de six mètres du perchoir. Dénivelé vertigineux, écrasement évité d’un cheveu. Périlleux, classieux, mais jamais orgueilleux.

CE QUI T’AS MARQUÉ SANS T’ÉTALER

Voir Virginie voler. Raser nos têtes, et rayonner.  Sauvagement propulsée.  Jambe enserrant un ruban lancé à toute volée par un Vincent Maillot sacrément gonflé. Elle a frôlé les poteaux de si prés que plus personne ne respirait. Elle jubilait. 

T’AS AIMÉ OU PAS, SOIS FRANC OU TAIS-TOI

Evidemment. Poétique, esthétique, émouvant et haletant. Un combo gagnant.


Zerbinette