Tout le monde le sait : Leu Tempo et Bongou c’est trop des BFF. Malgré notre longue relation, j’ai beau connaître ses défectuosités, je préfère toujours mettre en avant ses qualités. Et cette édition propose franchement du bon.
J’entends de-ci de-là des gens un peu rebutés à l’idée d’aller se plonger dans la marmite Temposienne alors que j’ai toujours considéré cette manifestation comme un buffet dispersé dans lequel on peut aller piocher en toute sérénité, avec un peu d’anticipation et de curiosité. Chaque îlot scénique est l’occasion de voyager, surtout cette année où le festival propose des performances d’artistes aux nationalités toujours plus variées (belge, américaine, finlandaise, italienne). Sur notre terre d’accueil, cette parenthèse festive va nous faire oublier les grognements fétides du rassemblement national et je vous propose mon carnet de bord pour profiter de cet assemblement convivial.
© MRobaina
Certes, c’est la représentation la plus coûteuse mais dis-toi qu’elle sera désormais ta référence absolue en termes de clownerie musicale. Familial à souhait, tout le monde sort conquis de ce spectacle complet. Pour l’avoir déjà vu à deux reprises (pas plus tard que vendredi au Théâtre Luc Donat), je reste estomaqué par l’intensité des acrobaties et les mimiques toute en minutie. Standing-ovation inéluctable pour cette performance indémodable.
Spectralex mais… mais… ça serait pas également le nom de la compagnie d’Arnaud Aymar, aka Perceval, Canoan contre le roi Vomiir, Amoniacal ou encore l’éternel L’Oiseau Bleu ? Bingo camarade ! Sache que la non moins mythique Diane Bonot est taillée dans le même matériau avec tout plein de nonsense, de délire initiatique et de performances théâtrales de haute excentricité. Pour avoir assisté à sa conférence « Virginia Vulv », sa prestation dans Looking for Mister Castang aux côtés d’Edouard Baer ou encore « ElianeS » avec les illustres Jackie Star et Maria Dolores, je suis très impatient de découvrir son troisième solo. Sans vendre la Tempo de l’ours avant de l’avoir reluquée, je pense qu’on devrait bien se marrer.
Les inconditionnels du festival se souviennent forcément de ces flamands et leur Cirque démocratique de Belgique pour Leu Tempo 2015. Si ce délire de match de jonglage est moins participatif et piquant, il est bien plus hilarant. Pour les vieux qui se rappellent du show de tennis de table avec Jacques Secretin et Vincent Purkart (ce truc a 30 ans !), nous voilà dans le même esprit de déconne avec la fameuse belgium touch, bourrée de trouvailles, de mauvaise foi et d’un art du passing archi maîtrisé. Quant à toi, jeune praticien saint-leusien, descends de ta slack, lâche tes bolas et viens prendre une leçon de manipulation et de dérision.
©Sophie Madigand
Promis ce paragraphe n’abusera d’aucun calembour capillotracté. Ce qui est certain c’est que les propositions de cette compagnie (BOI et La Brise de La Pastille vus sur notre île intense) m’ont toujours impressionné et j’ai hâte de lever les mirettes pour admirer ces deux finlandaises exécuter leurs galipettes.
Après avoir fait mon précieux en vous étalant ma confiture de références, je vous avoue que la pièce dont j’attends le plus c’est celle-ci. Pourquoi ? Primo, le bordel sur la photo. Secundo, c’est souvent au K qu’on assiste aux représentations les plus déjantées. Tertio, le texte de présentation vantant humour et poésie légère a tout pour me plaire vu que je viens déjà de terminer Samouraï de Fabrice Caro. Quarto, depuis les furieux Tony Clifton Circus (et merde, le gars fait encore son malin), je n’ai pas eu l’occasion d’apprécier des artistes italiens.
La jonglerie est une pratique exigeante qui ne supporte pas la médiocrité. À la moindre chute, c’est la cata. Ce travail répétitif peut être ingrat sauf quand on accueille un roi. Après avoir maté sur les réseaux ses nombreuses vidéos, ça va être captivant de voir en vrai ce maestro. Trente minutes de virtuosité sur la place de La Poste qui vont passer bien vite. Contrairement à l’attente pour récupérer un colis dans le bâtiment d’à-côté.
© Sebastien Marchal
©KARINE BAUDRY
Pour les connaisseurs des arts de la rue, vous savez sans doute que le légendaire conteur Jean-Georges Tartar(e) nous a quittés l’année dernière. Heureusement, il avait légué ses dernières pensées à Niko Garo. Y zon piqué mon chien joué à même le bitume n’est pas un spectacle posthume mais une chance inespérée de profiter de sa facétieuse plume. Du pur spectacle forain, fait de trois fois rien où l’interaction entre les deux protagonistes est aussi naturelle que celle avec le public.
Photo PA © DR
Le pif de Pa c’est la cerise sur Leu Tempo. Pa est un personnage crée par Alexis campos pour sa pièce “Terminus”, acclamée à La Réunion et encensée sur notre média. Je suis impatient de voir comment ces Pastilles intimistes jouées dans sa caravane vont restituer l’humour noir de ce clown gouailleur.