Dans les bons films des années 80, ceux qui parlent d’ados et d’aventures, les cabanes sont des refuges secrets, souvent nichés à quelques mètres du sol et pensés pour accueillir seulement une poignée d’éminents rêveurs. Le café La Cabane est pile comme ça. En pénétrant dans cette bicoque où tout est fait-maison, érigée en plein milieu du cœur résistant de Saint-Denis, on se met à table avec la curieuse fierté de faire partie du Club des Cinq. Des Quatorze, pour être précis. C’est le nombre de couverts (en argent, ça fait la différence) de cette charmante cahute : un de plus que treize, pas de quoi fouetter un chat noir.
Chance et superstitions, les gérantes n’en ont pas besoin pour garantir le succès de leur restaurant. Organisées, attentionnées, déterminées, elles s’affairent en cuisine et en salle avec une grâce et des sourires sans ficelles, de ceux qui mettent à l’aise immédiatement. On se sent mieux qu’à la maison (et pour moi ça veut dire beaucoup). J’ai envie d’en faire des caisses parce que justement, elles, n’en font pas. Il n’y a qu’à parcourir le menu, tout est clair et sans chichi. Adieu, satanée tarabiscote !
Comme dans toute cabane qui se respecte, il y a des objets incongrus disposés au hasard des recoins : une passoire en ferraille, un miroir anachronique, des savonnettes, un vélo rose au plafond, des bouteilles ingénieusement devenues abat-jours…trésors rapportés de la vie extérieure. Cette atmosphère gentiment bariolée, décidément intime et déroutante de simplicité me fait oublier où je suis, mais nom d’un chien, comme j’y suis bien. Et Bowie qui veille sur mon brunch avec son Rebel Rebel dans le transistor. Bien joué, la playlist.
Ça aurait suffi à faire mon bonheur mais, préparez vos papilles, il y a mieux. Chaque détail du buffet est un délice, de la quiche aux courgettes à la confiture de mangue au pain d’épices, en passant par la citronnade maison. Je confesse avoir succombé plusieurs fois au gâteau patate douce et cannelle et balance par la même occasion mon voisin qui n’a pas lésiné sur la salade de pâtes. Pour sa défense, elle était aromatisée à la coriandre et constellée de craquantes noix de cajou. Voilà donc un brunch dont nous étions nombreux à rêver : sucré et salé, à volonté et surtout, sans se la raconter.
En quittant La Cabane, sachant déjà qu’on y reviendra bientôt, on pousse la jolie porte en bois bleu canard et, à défaut d’emprunter une échelle, on descend les quelques marches vers le trottoir de la rue Mac Auliffe. Dur retour à la vraie vie.
Marine Hibert
5 rue Victor Mac Auliffe, Saint-Denis
0692 43 97 78
Lundi : 11h30 - 17h
Mardi à vendredi : 9h - 18h
Samedi (jour de brunch) : 9h - 16h