SPECTRES AU BÛCHER ?

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SOIS UN HÉROS: DÉCRIS LA SCÉNO

Zerbinette : 4 formes ovoïdes entourées d'aluminium posées au sol. C'est intriguant. J'adore les pommes de terre au four.  J'ai pris ça pour une touche d'humour. Parfois, Brabant et Manglou les déplacent. Leurs corps assombris se fondent dans la nuit. Certes on est loin des studios de Georges Lucas ; ces ectoplasmes-là n'ont pas l'illusion pour obsession. On voit souvent leurs ficelles, l'enjeu n'étant justement pas de t'enfumer la cervelle. Des vibrations sonores inquiétantes et du piano rythment le tempo, quelque part entre Satie et Debussy. Et de la fumée. Beaucoup. Par jets. Des volutes dansantes, évanescentes, reposantes. Rien de plus et c'est tant mieux. Le chorégraphe avait annoncé peu d'effets. Du paranormal version artisanale. Un retour au fantomatique sans surcharge informatique. Tant pis si les puristes tiquent.

Manzi : Zerbinette a choisi le choc des mots pour décrire la scéno, je vais opter pour le poids des photos pour légender cet immense fiasco. Spectres ou ne pas spectres, telle n'est pas la question:

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“Là, c'est la photo de présentation de Spectres sur le programme du CDOI: le meilleur moment du projet” Manzi

PASSE L'HISTOIRE À LA PASSOIRE

Zerbinette : Spectres, c'est l'histoire d'un chorégraphe qui a vu rôder la mort de près. Pour la dédramatiser, l'apprivoiser, et l'accepter, il a puisé dans le freak show. Le défi est réglo. Il a viré les danseurs pour mettre  la fumée en valeur. Parce que ces brumes voluptueuses, pas plus que la faucheuse, ne se laissent dompter. Impossibles à mater. Pourtant il s'y est attelé. Belle preuve d'humilité.  

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“Là, c'est le moment où j'ai commencé à m'ennuyer” Manzi

CHORÉGRAPHIE AU BISTOURI 

Zerbinette : Reprocher à un chorégraphe qui a clairement annoncé avant son spectacle vouloir faire danser la fumée, de chercher à nous enfumer me semble malhonnête. Il y a dans la démarche de Brabant un retour à la simplicité, à l'épuré, une forme de naïveté assumée qui loin de m'agacer m'a touchée. Qu'il soit permis de goûter aux synesthésies qu'offre cette inhabituelle chorégraphie.

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“Là, c'est le moment où y a eu des grincements de porte et j'ai eu aussi peur que dans Scoubidou” Manzi

CE QUI T'A MARQUÉ SANS T'ÉTALER

Zerbinette : Quand on m'a dit pas de danseur, évidemment j'ai pris peur. Je craignais m'y ennuyer fissa. Ce ne fut pas le cas. Lorsque l'esprit n'est pas distrait par une performance humaine à analyser, la gratuité dans la contemplation peut advenir. J'ai été beaucoup plus disponible et réceptive aux effets lumineux, visuels et sonores. Ce retour à la virginité fut chargé d'intensité. 

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“Là , c'est le moment où des ballons de baudruche se sont envolés et on a bien rigolé” Manzi

T'AS AIMÉ OU PAS? SOIS FRANC OU TAIS-TOI

Zerbinette : Spectres est une rêverie esthétique raffinée. Une invitation au voyage létal sans le tralala fatal. Brabant fait feu de tout bois. Il a parfaitement optimisé le matériel volontairement limité dont il disposait. À ceux qui s'y sont ennuyés, je répondrais que cette parenthèse de 30 minutes m'a enchantée. Pas de posture prétentieuse dans ces présences lumineuses. Juste une invitation à valser avec la faucheuse. Certains cow-boys de l'obscurité ont déserté. Je suis sortie heureuse et rassurée. Et oui, j'ai adoré.

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“Là, c'est le moment où le public invoque le fantôme de Pina Bausch pour mettre fin à notre calvaire” Manzi