Jace continue de nous régaler les mirettes en proposant à la bombe de la bombe du street-art des résidences classos dans sa galerie Very Yes. Please welcome POES et JO BER.
Comment ça tu n'es encore jamais allé à la galerie Very Yes ? Bongou te somme de t'y présenter ce mois-ci pour découvrir l'œuvre fourmillante, ludique, onirique, historique, populaire de POES et JO BER. Cette expo à quatre mains est un régal visuel et intellectuel qui puise son inspiration dans la Mésopotamie Antique, région de l'invention de l'Écriture où vécut Gilgamesh, personnage héroïque de plusieurs récits épiques dont sa célèbre Épopée.
Franchement, quel bonheur de commencer une exposition par un pan de mur fraîchement manuscrit nous contant l'univers fantastique dans lequel on pénètre. Bien sûr, faut un peu de temps pour se contraindre à lire cette fresque ; tous les visiteurs ne le prennent pas mais, de nos jours, qui lit encore plus de vingt lignes de caractères ?
“un carnet de voyage in-situ, plongée iconoclaste, colorée et à rebours entre -12000 et -5000 avant Assourbanipal, du temps des dieux au temps des premiers hommes”
Voilà clairement une exposition conçue comme un voyage temporel où mythologie et anachronismes se mêlent et où couleurs et noir/blanc font bon ménage. Un cartouche en hiéroglyphes nous dépeint le dangereux labeur des graffeurs, contraints de se méfier des gardiens du Temple, giga sphinx mutant façon rame de RER. C'est malin et surtout on peut interpréter ce charabia logographique à l'infini, ce qui devrait être l'essence de toute œuvre méritant un accrochage dans son espace intime.
Ici, l'histoire de la déesse de la fertilité se raconte en parade phallique avec émissions spumeuses, membres turgescents et mines réjouies. C'est drôle, crédible, coloré et les détails foisonnent une fois encore. Cet angle artistique rappelle les fausses affiches de concerts du collectif Contrebande ou l'Incyclopédie du Continent Réunionnais dont les auteurs utilisaient ce procédé uchronique pour réinventer l'Histoire.
Quand on se plonge dans cette immense toile représentant des Dieux constructeurs émergents des flots pour disposer des îles-territoires, on pense également aux représentations de nos street artists locaux, Kid Kréol & Boogie, quand ils illustrent la mythologie délirante de Jules Hermann et ses Géants qui auraient façonné la Lémurie (et La Réunion) de leurs grosses paluches.
L'œuvre de POES et JO BER est admirable par sa diversité. Leurs styles bien distincts se répondent à merveille contribuant à l'harmonie générale et l'utilisation de lignes claires très colorées rend ce travail accessible au plus grand nombre.
Vous avez jusqu'au 14 novembre pour découvrir cette entreprise aussi facétieuse que minutieuse.
Manzi