MÉTEO : Soleil de plomb, motivation d'exception, foie en dissolution, neurone en perdition.
VU CE JOUR :
NIQUE SA MÈRE LA RÉINSERTION / Cie Rascar Capac / Théâtre du Train Bleu
LE PITCH : « Nique sa mère la réinsertion » est une chanson de Booba. Ignarde, je ne le savais pas. Ce nom de baptême me laisse sceptique, mais les acteurs expliquent qu'ils l'ont choisi pour faire le buzz. Outre la provocation, je m'attendais à une réflexion critique, oserais-je dire sarcastique, sur nos problèmes sociétaux. Dans les faits, 4 comédiens s'ébrouent à tout va, et brossent à grands coups d'impro les turpitudes de la vie de plateau. Pas de décor, peu de technique, tout repose sur le jeu énergique de ces jeunes loustiques.
MON SPEECH : Bonne surprise au démarrage, le public est jeune, et c'est la première fois depuis que je suis là. Reconnaissons au théâtre du Train Bleu le mérite d'avoir su attirer dès la première année la primeur du pavé. On peut comprendre pourquoi : le théâtre d'impro comme l'écriture de plateau attire par sa fraicheur, sa spontanéité, et son ardeur. Mais si la forme allèche, côté fond, c'est la dèche. Les acteurs se perdent en impros de qualité inégale, les longueurs s'installent, et au final, on ne retient de la prestation qu'un délire de colo perdu dans les solos. On y frôle les sujets sensibles sans réelle prise de position, le tout manque de cohérence et de concision. Foutrarque sans être acide, et finalement assez vide.
http://www.avignonleoff.com/programme/2018/nique-sa-mere-la-reinsertion-s23297/
2. BAB MARRAKECH / Cie Ras El Hanout / Théâtre du Collège de la salle.
LE PITCH : Ce seul en scène, d'inspiration autobiographique raconte les journées du jeune Ismail, contraint de remplacer son père malade dans la boutique bruxelloise familiale fièrement nommée : « Bab Marrakech ». Entre le rayon ” Tu se réveilles ” et l'étagère des fruits secs, l'acteur nous livre les truculentes tranches de vie d'une épicerie. Et ça ravit.
MON SPEECH : Voici une vraie bonne surprise avignonnaise dont je vais t'expliquer les mérites. En préambule, le fort sympathique Ismaïl Akhlal t'accueille en salle. Un gaillard qui ne joue pas les stars, déjà, c'est le panard. Dans cette galerie de portraits finement croqués, le texte saisit les infimes travers de chacun. Du client au patron, toutes les communautés sont gentiment égratignées. Tendre sans être niais, le spectacle est fichtrement bien joué par un comédien polyvalent capable d'imiter tous les accents. La mise en scène fourmille d'astuces ingénieuses pour dynamiser l'espace réduit. Enfin, les rapports filiaux sont dépeints avec justesse, protégés du pathos par l'autodérision. D'où notre adhésion. Les gosses du neuf-quatre qui étaient dans la salle ont enfin compris pourquoi le théâtre, ça emballe. Bref, le Graal.
http://www.avignonleoff.com/programme/2018/bab-marrakech-s24169/
3. LES ORANGES / Collectif le Point Zéro / Théâtre du Train Bleu
LE PITCH : Un homme et une femme, accoudés à la fenêtre, racontent, sous forme de tableaux et d'ellipses narratives, l'histoire franco-algérienne, de 1830 à nos jours. On y (re) découvre les errances d'un peuple traversé par la guerre, le colonialisme, le fanatisme religieux, et la perte identitaire.
MON SPEECH : Cette pièce potentiellement explosive évite brillamment de nombreux écueils. Instructive sans être didactique, philosophique sans être assommante, poétique sans être niaise, et surtout, engagée sans être moralisatrice. La mise en scène sobre, offre de beaux effets de lumière. La narration confiée à un comédien russe, confère une forme d'objectivité à cette fiction naturaliste. On y saisit comment nait l'extrémisme, mais surtout comment s'en échapper. Touchant, et finement joué.
https://www.theatredutrainbleu.fr/les+oranges-W3
ENTENDU SUR LE PAVÉ AVIGNONNAIS : ” On dit que les burgers de chez Michel seraient plus goûteux que certains spectacles du IN “
Zerbinette