On ne présente plus l’incontournable saxophoniste Gaël Horellou, figure majeure du jazz français qui œuvre sur de nombreux fronts éclectiques avec toujours beaucoup d’inventivité et de pertinence. Dans la continuité d’«Identité» paru en 2017, il poursuit son projet de fusion jazz et maloya avec «Tous les Peuples» qui explore les racines des musiques noires. Tombé sous le charme de La Réunion, le compositeur puise en effet dans les rythmes ancestraux de l’Océan Indien pour relier les timbres de la case créole à ceux des quartiers de Brooklyn.
Epaulé par des pointures du genre, le saxophoniste offre ainsi un dialogue inédit entre tradition réunionnaise et jazz actuel, dans une succession de thèmes accrocheurs et chantants qui forme ce répertoire en tout point enjoué et dansant. Une grande fête sonore à commencer par ce bien nommé Spirit of Africa qui ouvre le bal. Groovy à fond, avec un gros travail de percussions et un orgue toujours très présent, il donne le ton de ce joyeux rendez-vous comme le Jazz Kabaré qui nous entraîne progressivement dans un tourbillon de rythmes bouillonnants où le sax mène la danse. Sur le titre éponyme Tous les Peuples, ce groove est particulièrement appuyé par les riffs à effet très afro-jazz-rock du guitariste qui sait se faire plus bluesy par ailleurs. Bref, la fête à laquelle nous convie Gaël et ses acolytes est totale, comme encore sur cette Gigue créole qui s’inscrit pleinement dans le traditionnel réunionnais.