Tête d'affiche de cette édition du Tempo, The Rat Pack Cie multiplie les références cinématographiques et les prouesses techniques mais lasse par ses tableaux emphatiques
Leu Tempo est une famille pas comme les autres qui assume les avis divergents de ses apôtres et accepte de laver son linge sale entre potes. Aujourd'hui, ce fair-play est mis à l'épreuve du petit Manzi qui n'a pas été transporté par ce remake des Affranchis. Pourtant, j'avais adoré « Il n'est pas encore minuit... » de la Cie XY joué en 2016 au Téat Champ Fleuri, spectacle déjà porté par Peggy Donck, la productrice de Speak-easy où l'on retrouvait les deux acrobates Ann-Katrin Jornot et Xavier Lavabre. Autant les chorégraphies pour 22 acrobates m'avaient retourné par leurs fluidités lumineuses, autant j'ai trouvé ces tableaux pour 6 circassiens désordonnés et répétés. Je ne remets pas en cause la qualité technique des performeurs qui est proche de l'excellence – mention spéciale pour les filles qui réalisent les portés en talons aiguilles – mais l'attention est trop sollicitée par la profusion de chassés-croisés occasionnés par des « ralés-poussés » systématisés. Le parrain de la mafia, la patronne, l'homme de main, la pin up, le barman et l'homme sans loi enchaînent les bagarres et on s'embrouille dans le scénar.
Je n'attends pas d'une performance de cirque qu'elle soit écrite aussi précisément qu'une série mais cette succession de scènes confuses débouche sur une attention diffuse. Si le « Speakeasy » était un bar clandestin du temps de la prohibition où il était demandé aux clients de baisser la voix lorsqu'ils commandaient de l'alcool, les acrobates quasi muets auraient mérité des prouesses plus fluides et intelligibles : au final, le propos est aussi vide que les timbales incessamment trimballées par ce barman inappliqué. Du reste, quel dépit de ne pas avoir introduit une vraie péripétie de jongleries vu la débauche de gobeleterie. Selon moi, les moments les plus mémorables se démarquent par leur simplicité : je pense à cette scène jouée en marche arrière, au Mannequin Challenge revisité ou au duel féminin derrière le zinc.
Je terminerai en félicitant les Chinese Man et Supa-Jay des Scratch Bandits Crew pour leur envoûtante bande-son qui a clairement contribué à l'immersion dans l'univers d'Al Capone malgré la mise en scène brouillonne.
Manzi